Alternate X-Men #01 : Striker
La mutation, c’est la clef de notre évolution. C’est un procédé long et naturel, qui ne se fait pas sans dégâts. Certains l’acceptent, d’autres le combattent. Le révérend William Striker appartenait à la seconde catégorie. Depuis que le premier mutant avait été observé, cet homme avait milité contre ce qu’il qualifiait d’"aberration de Dieu". Et lorsque quelqu’un crie suffisamment fort contre quelque chose, il trouve toujours d’autres personnes pour le suivre. C’est ainsi qu’en à peine trois ans Striker était devenu l’un des hommes les plus influents du pays.
L’homme qui pénétra au siège de la société que dirigeait le révérend ce matin là appartenait à l’autre catégorie. Son nom était Charles Xavier, il était docteur en génétique. Alors que Striker avait passé trois années à construire un empire sur la haine envers les mutants, le professeur Xavier avait fondé l’X-corporation, une société d’aide des mutants à but non lucratif. Cette association avait acquis en trois ans une très grande notoriété dans le monde, car elle savait être présente où il fallait, quand il le fallait. Le professeur était ainsi devenu l’emblème de la défense mutante, et s’il venait voir monsieur Striker ce jour là, ce n’était pas par courtoisie.
Très exactement dix sept heures auparavant, Striker avait lâché une véritable bombe médiatique : un homme, Bob Angstrell, mutant reconnu, avait semble-t-il été guéri de sa "maladie" après avoir suivi une thérapie dans un centre spécialisé d’un institut partenaire à l’action du révérend. Le professeur connaissait ce monsieur Angstrell et son pouvoir. Il savait parfaitement pourquoi Striker l’avait pris lui, et était désormais prêt à tout pour avoir une entrevue avec ce sot disant "faiseur de miracles".
Il traversa le hall d’un pas rapide, suivi de près par son demi-frère Caïn Marco, qui était à son service comme garde du corps. Tous deux se dirigèrent vers l’ascenseur, sans écouter la réceptionniste qui leur criait de s’arrêter immédiatement. Ils parvinrent au dernier étage sans trop de problèmes. Cet étage ne comportait qu’une seule pièce, qui faisait office de somptueux bureau à William Striker.
- Monsieur Xavier, commença-t-il. Que me vaut ce plaisir ?
- Epargnez-moi vos belles paroles, Striker ! Vous savez pertinemment pourquoi je suis ici !
- Calmez-vous, professeur, répondit le révérend d’un ton très calme. Je fais preuve de beaucoup de courtoisie en acceptant de vous recevoir malgré le fait que vous ayez forcé ma porte, alors la moindre des politesses est de vous asseoir et d’avoir une conversation de gens civilisés.
Ce ton complaisant ne plut pas du tout à Charles. Cet homme osait lui parler de courtoisie et de geste civilisé après ce qu’il avait fait à Bob Angstrell ! Il était sur le point de répondre quelque chose lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit à nouveau, laissant entrer quatre agents de la sécurité armés de teasers.
Le sourire qui apparut à cet instant sur le visage du révérend fit comprendre au professeur que Striker n’avait jamais eu l’intention de l’écouter, qu’il ne faisait que gagner du temps. D’un claquement de doigts, les gardes s’avancèrent vers Charles. Puis tout se passa très vite. Caïn s’interposa, les agents appuyèrent sur la gâchette, envoyant quatre décharges électriques sur le torse de ce dernier, chacune ayant assez de puissance pour assommer un bœuf. Mais Caïn resta debout, les poings serrés et les lèvres formant un large sourire. Celui de Striker venait juste disparaître de son visage. Et il n’était pas au bout de ses surprises. Le bras de Caïn fendit l’air. Il gifla le premier agent de la sécurité, qui fut projeté sur le coté sous l’impact, et heurta son collègue le plus proche, qui fut projeté à son tour. D’un seul revers de la main, le demi-frère du professeur avait mis KO quatre gardes. Striker était devenu blanc comme neige. L’expression de son visage remplit Charles d’une grande satisfaction.
- A présent révérend, nous pouvons parler.
- Vous… vous employez des… des mutants ? !
- Mon demi-frère est, comme vous avez pu le constater, le meilleur garde du corps que j’ai pu trouver. Maintenant, révérend, écoutez-moi ! Xavier avait durci le ton exprès, afin d’intimider encore plus son interlocuteur. Bob Angstrell avait un pouvoir très particulier : il détectait les mutants ! Il en était fier, et jamais il n’aurait renoncé délibérément à ce pouvoir !
- Qu’insinuez-vous, professeur ? Demanda Striker, qui essayait en vain de reprendre son assurance.
- Vous ne lui avez pas demandé son avis ! Il a été privé de ses pouvoirs contre sa volonté !
Striker ne répondit pas à cette accusation. Mais Charles n’avait pas besoin de réponse. Il se glissa dans l’esprit du révérend de façon à entendre ses pensées. Peu de gens le savaient, mais le professeur Xavier était un mutant. Son pouvoir lui permettait de lire dans l’esprit des gens comme dans un livre. C’était habituellement une tache très difficile qui lui causait une grande peine au fur et à mesure qu’il s’enfonçait dans les pensées les plus secrètes de sa cible. Mais aujourd’hui, il avait juste besoin d’effleurer la surface de celles-ci pour avoir ses réponses, tellement Srtiker y pensait si fort. Oui, ils ne lui avaient laissé aucun choix. Mais pire encore, avant de lui ôter ses pouvoirs, ils l’avaient forcé à les utiliser. Ces hommes avaient dressé une liste de tous les mutants dans le monde. Plusieurs millions ! Plus aucun mutant ne serai jamais en sécurité si Striker la conservait. Charles s’enfonça de plus en plus dans l’esprit du révérend, cherchant à trouver où elle se trouvait. Sous l’effort, son nez commença à saigner. Mais cela ne l’arrêta pas. Il fallait qu’il sache où était cette liste ! Il partit de plus en plus loin, de plus en plus profond.
- Charles, il faut y aller ! J’entends les sirènes de police !
Caïn l’avait agrippé par le bras. Deux secondes à peine s’étaient passées entre le moment où il s’était tut et maintenant. Les sirènes se faisaient entendre au loin. Charles refusait d’affronter les autorités. Se mettre la police à dos était le plus court moyen pour que l’X-corporation mette la clef sous la porte.
- Nous reviendrons, monsieur Striker ! Je ne vous laisserai pas traiter ainsi la population mutante sans réagir.
Et ils partirent, laissant le révérend, toujours blême, seul dans son bureau. La voiture de Miss Frost, la directrice adjointe de l’X-corp, les attendait en bas de l’immeuble. Le temps que la police arrive, ils seraient loin.
- J’ai eu mademoiselle Rushmore au téléphone. Elle dit qu’ils ne nous appuieront pas sur cette histoire. Nous devons nous débrouiller seuls.
- Ils veulent me tenir à l’écart après ce qui s’est passé avec Wanda et Pietro. A cause de leur refus d’intégrer l’équipe des Alternate, je n’ai plus aucune influence auprès de Rushmore, et Richard est trop heureux d’essayer de m’écarter définitivement.
- Que comptez-vous faire ?
- Contactez X-1. J’ai une mission pour eux. Ils ont une liste à récupérer.