Alternate Superman #03 : à la recherche des Kent, part ½ : Smallville
Par Mil K
L'air était très doux en ce soir de printemps, alors que la nuit tombait sur le Kansas. Lorsqu'il était enfant, Clark Kent adorait regarder le soleil se coucher entre les collines, confortablement installé dans la grange de la ferme de ses parents. Mais le temps a passé, et ce soir là Superman n'avait pas le temps d'admirer la beauté du paysage, alors qu'il volait à très vive allure en direction du village de son enfance : Smallville.
Cela faisait deux jours qu'il était revenu d'Irak et promu garde du corps de Lex Luthor. Deux jours qu'il avait passé à se refaire une vie civile. Mais il avait toujours une préoccupation en tête : ceux qui l'avaient considéré comme une arme, qui l'avaient envoyé en mission secrète en Irak, n'allaient surement pas rester les bras croisés à regarder leur projet leur filer entre les doigts. Tôt ou tard, ils frapperaient et l'obligeraient à retourner se battre.
Clark avait longuement réfléchi sur la manière dont ils pouvaient s'y prendre. La solution d'une attaque frontale était peu probable, car il y aurait trop de dégâts, et d'après Lex les Illuminatis opèrent toujours discrètement. L'enlèvement discret avait aussi été écarté, étant donné que Superman était apparemment l'être le plus puissant que les Illuminatis avaient sous la main. Il restait la prise d'otages. Les seules personnes que Clark connaissait suffisamment pour qu'elles soient en danger étaient Lex, inaccessible car trop bien gardé, et ses parents adoptifs, Jonathan et Martha. Ils allaient être les premières cibles, et leur fils se devait de les prévenir.
Superman atterrit un peu à l'écart de la propriété de ses parents. Si jamais il était attendu, se présenter sous les traits de Clark Kent ferait hésiter ses agresseurs, et lui permettrait d'emmener Jonathan et Martha au loin.il se dirigea ensuite vers la porte d'entrée de la maison, tout en étant à l'affut du moindre bruit suspect. Mais même sa super-ouïe ne captait rien d'anormal. Il arriva sur le perron et frappa. Aucun bruit ne vint de l'intérieur. Clark frappa à nouveau et attendit quelques minutes. Personne ne vint ouvrir. Où pouvaient-ils être ? Rejetant l'hypothèse de l'enlèvement puisque les Illuminatis ne l'avaient pas encore contacté, Clark fit demi-tour et se dirigea vers le centre-ville, à la recherche de quelqu'un qui pourrait l'aider.
Smallville était resté telle que dans ses souvenirs. Il y a des villages qui demeurent en quelque sorte hors du temps, et celui-ci en faisait partie. Tout en marchant dans la rue principale, Clark se remémorait les souvenirs que chaque endroit lui rappelait : la bibliothèque où il faisait de longues recherches pour la gazette de son lycée, et où il avait été pris de passion pour le journalisme, le cinéma projetant de vieux films pas vraiment nets sur un écran jauni par le temps, et le café où il retrouvait tous ses amis les soirs de week-end.
C'est justement dans ce café qu'il se dirigea. Rien non plus n'avait changé à l'intérieur. Les mêmes tables, le même jukebox, la même odeur, la même ambiance. Clark traversa la pièce et se dirigea vers le comptoir, où une jeune femme rousse semblant être la propriétaire de l'endroit vérifiait l'argent dans la caisse. Tout en s'approchant, il essayait d trouver quelle phrase pourrait être la meilleure pour dire tout ce qu'il avait à lui dire. Mais arrivé devant elle, la seule chose qui sortit de sa bouche fut :
- Bonsoir Lana.
Au sommet de la tour Luthor Corp, Lex contemplait le panorama depuis la fenêtre panoramique de son bureau, un verre de martini à la main. Métropolis brillait de milles feux, alors que la nuit commençait. C'était une vision qu'il regretterait de ne plus avoir une fois installé à la présidence des Etats-Unis. La porte de son bureau s'ouvrit derrière lui, et il entendit quelqu'un entrer.
- J'ai demandé à ne pas être dérangé ! Dit Lex sans se retourner.
- J'ai bien peur monsieur Luthor, dit une voix féminine, que votre demande ne soit pas satisfaite ce soir.
Lex se retourna, reconnaissant une voix qu'il n'avait pas entendue depuis plusieurs années, et qui ne présageait rien de bon.
- Mademoiselle Rushmore ! Dit Lex. Que me vaut le plaisir de cette visite ?
Lana restait immobile, regardant l'homme qui se trouvait devant elle. Clark et elle étaient voisins depuis leur enfance. Ils se connaissaient pour ainsi dire depuis toujours. Pour tous les autres, ils n'étaient rien de plus que deux voisins. En vérité, Lana et Clark sortaient ensemble depuis près de sept mois lorsque Clark fut emmené par les Illuminatis. Ils avaient toujours gardé leur relation secrète, personne d'autre n'était au courant.
- Lana… je…
Clark ne put finir sa phrase. Lana s'était jetée dans ses bras et l'embrassait tendrement.
- Clark, finit-elle par dire. Dieu soit loué tu es vivant ! Où étais tu passé ?
- C'est une longue histoire, répondit Clark. Je te raconterai ça le moment venu, je te le promets. Pour le moment est-ce que tu sais où sont mes parents ?
- Tes parents ? Mais… je croyais que tu étais avec eux… ils ont disparu le même jour que toi, et personne n'a eu de nouvelles depuis…
Ils s'étaient donc enfuis pour échapper aux Illuminatis. Cette pensée rassura Clark.
- Tu as toujours un double des clefs de la maison ?
- Oui. Va m'attendre dehors, je donne des directives pour que ça ne soit pas le bazar durant mon absence, et je te rejoins.
Clark sortit dehors. Revoir Lana le remplissait de joie, mais également d'une profonde tristesse : il ne pouvait rester avec elle, sous peine de la mettre en danger. Il fallait qu'il lui dise d'une façon ou d'une autre. Perdu dans ses réflexions, il n'entendit pas deux hommes habillés en noir s'approcher derrière lui.
- Monsieur Kent, venez avec nous.
Clark se retourna, et reconnut tout de suite un des hommes qui était venu le chercher auparavant.
- Je n'irai nulle part, répondit-il.
- Monsieur Kent, ne nous obligez pas à employer la manière forte.
- Ne soyez pas ridicules ! Vous n'avez rien qui puisse m'arrêter !
- C'est vous qui le dites, monsieur Kent…
Clark se sentit soudain pris de vertiges. Sa tête tournait affreusement, et il avait de plus en plus de mal à respirer. Il sentait toutes ses forces l'abandonner rapidement. L'un des hommes en noir avait mis la main dans sa poche et semblait tenir quelque chose s'y trouvant, quelque chose qui anéantissait les pouvoirs de Clark en même temps que sa santé.
Ses jambes ne le portaient plus, il chancela. Les deux hommes l'attrapèrent par les épaules et l'empêchèrent de tomber, puis l'entrainèrent dans une ruelle, où ils l'assirent contre le mur.
- Maintenant, monsieur Kent, vous allez m'écouter attentivement !
Mais il ne put finir ce qu'il avait à dire, car il reçut soudain un violent coup sur la tête venant de derrière lui. Il s'écroula aux pieds de Clark. Le deuxième homme se retourna, mais eut juste le temps d'apercevoir un tuyau en métal approchant à très grande vitesse avant de sombrer dans l'inconscience. Lana regarda les deux hommes pour s'assurer qu'ils étaient bien KO, puis lâcha le tuyau qu'elle avait ramassé quelques secondes plus tôt, et aida Clark à se relever.
- Viens, lui dit-elle. Il ne faut pas trainer ici !
Depuis qu'il avait décidé de ramener Superman d'Irak, Lex se doutait que le moment d'une confrontation avec l'un des membres des Illuminatis viendrait rapidement. Mais il ne se doutait pas que mademoiselle Rushmore prendrait la peine de se déplacer en personne.
- Désirez-vous quelque chose à boire, mademoiselle Rushmore ?
- Au diable les formalités, Lex, et venons en au but de ma visite : rendez nous Superman !
- Je ne crois pas que parler d'une personne comme d'une possession soit une chose très…
- Oh, arrêtez de jouer votre comédie de saint homme, Lex ! Nous savons tous les deux que vous pensez la même chose que nous concernant Superman.
- Je ne vous le rendrai pas, mademoiselle.
- Vous feriez mieux, Lex, sinon votre carrière pourrait basculer du jour au lendemain.
- Vous ne me faites pas peur.
- Vous devriez. Ce sera mon unique avertissement. Si nous le récupérons nous même, vous ne resterez pas longtemps à votre poste !
- Je vais vous dire ce que je pense, mademoiselle : si vous pensiez réellement pouvoir récupérer Superman, vous le feriez sans prendre la peine de m'avertir. De la même façon que, si vous pouviez faire quelque chose pour stopper ma course à la présidence, vous l'auriez fait depuis longtemps ! En vérité, mademoiselle Rushmore, vous êtes désespérée, vous ne savez plus quoi faire. Alors je vais vous dire quelque chose que vous avez intérêt à retenir !
- Mesurez bien les conséquences de votre prochaine phrase, Lex ! Je vous assure que vous regretterez une guerre ouverte avec nous.
- Sortez de mon bureau, et n'essayez plus jamais de m'intimider, ou je lâche Superman sur vous comme un chien affamé sur un os !
Mademoiselle Rushmore se leva, son regard plein de haine.
- A très bientôt, Lex !
Puis elle sortit, laissant Lex seul dans son bureau, ce dernier ne sachant pas trop si ce qui venait de se produire était une victoire ou bien un prélude à sa défaite.
La maison des Kent était dans un état impeccable. Si l'on faisait abstraction de la poussière qui commençait à s'amasser sur les meubles, on pouvait croire que quelqu'un vivait toujours ici. Cela faisait maintenant près de quarante minutes que Clark et Lana cherchaient un quelconque indice sur l'endroit où Jonathan et Martha pouvaient se trouver. Ils avaient fouillé toutes les pièces de la maison, mais n'avaient rien trouvé.
- S'ils ont laissé un quelconque indice quant à leur destination, dit Lana, ils l'ont très bien caché… est-ce que tu vas enfin me dire ce qui se passe, Clark ?
Clark ne répondit pas. Il était en train d'utiliser sa vision à rayon X pour inspecter les murs. Les motifs de papier peint de la cuisine lui étaient inconnus, ils avaient donc été posés après son départ. Il vit alors, très nettement écrit avec la colle, les mots "Moleback Canyon". Clark se retourna et se dirigea vers la porte.
- Je sais où ils sont, dit-il.
- Attends-moi, répondit Lana, je t'accompagne !
Elle se pencha pour attraper son sac qu'elle avait posé sur le canapé en entrant, et sentit soudain un souffle violent, comme si quelque chose d'extrêmement rapide venait de passer. Elle sortit en courant sur le perron, il était vide. Clark était parti.
Superman volait à toute vitesse en direction du sud. Il connaissait le Moleback Canyon. Lui et ses parents avaient passé une semaine là bas alors qu'il n'avait que cinq ans. Il se souvenait également de la maison de pécheur au bord du lac, un peu plus loin. Un endroit reculé de tout, à l'écart du monde. La cachette idéale.
Il atterrit à quelques mètres de la cabane, qui lui semblait plus grande dans ses souvenirs. Il se dirigea vers la porte et frappa.
- Maman, papa ! C'est moi, Clark !
La porte vola soudain en éclat, et Superman reçut un coup qui le projeta une dizaine de mètres plus loin. La force avait été phénoménale, sa poitrine lui faisait mal. Il se releva, et aperçut un homme à l'entrée de la maison. Il avait une trentaine d'années, les cheveux bruns très courts, des lunettes de soleil cachaient ses yeux. Il portait un pantalon noir et une veste rouge, fermée jusqu'au col.
- Salut Superman, dit l'homme. Je me nomme Wonder-Man. Je suis ici pour te ramener là où tu n'aurais jamais du partir !