Alternate X-Men #03 : le scandale Worthington
Quiconque s’intéressait un minimum au monde des finances connaissait le nom de Worthington. La société Worthington industries avait été fondée il y a cinquante ans, et était rapidement devenue un des leaders de production technologique dernier cris. Fondée par Alexander Worthington, la société avait été reprise il y a sept ans par son fils Warren, qui avait su la gérer efficacement jusqu’à présent. Une partie des bénéfices engendrés par la société servait à financer la fondation X-Corporation du professeur Xavier, dont le but était d’apporter une aide aux mutants. Cette donation étonnait beaucoup de monde dans le milieu financier, mais ce que tous ignoraient, c’était que Warren Worthington était lui-même un mutant.
Ce soir, Warren avait choisi de diner dans le restaurant panoramique le plus chic de New York, avec à ses cotés la co-directrice de l’X-corporation : la ravissante Emma Frost. La salle était pleine de monde, même le maire était venu se restaurer ici. Ils eurent néanmoins une table pour deux dans un coin calme.
- Il y a quelque chose que je ne comprends pas chez toi, Warren.
- Quoi donc ?
- Tu es l’une des plus grandes fortunes du pays, tu as une entreprise florissante et des femmes prêtes à s’entretuer pour tes beaux yeux bleus. Et pourtant tu préfères dénigrer tout cela pour participer aux missions de X-1. Pourquoi ?
- Je crois en la cause que le professeur défend.
- A ce moment là tu pourrais juste donner ton argent, ou participer aux taches administratives. Pourquoi veux-tu être sur le terrain, quitte à obéir aux ordres de quelqu’un de beaucoup moins important que toi ? Ne me dis pas que c’est pour les émotions fortes, je te répondrais qu’un homme comme toi pourrait s’offrir tous les sports à haut risques qu’il désire…
Warren s’apprêta à répondre, mais fut interrompu par des voix venant de la table du maire. Regardant ce qu’il se passait, il aperçut monsieur Jameson, patron du journal Daily Bugle, assis à la table du maire, qui se faisait insulter par un homme, debout devant lui.
- Calmez-vous, monsieur Allerdyce ! Tentait d’articuler Jameson. Soyez raisonnable, il est inutile de faire un scandale !
- Il n’y a qu’en faisant un scandale que vous écouterez, monsieur Jameson ! Il n’y a que quand votre image de marque risque d’être tachée que vous daignez écouter les plaintes de vos employés ! Ou plutôt vos ex-employés…
- J’en étais sur ! Vous venez vous plaindre parce que je vous ai remercié avant-hier ! Je vous l’ai déjà dit, John, votre place n’est plus au Bugle ! Moi je n’emploi que des vrais journalistes, pas des colporteurs de ragots !
- Arrêtez de me prendre pour un abruti !
Le ton qu’employait John montrait qu’il était extrêmement énervé. En même temps que son humeur se détériorait, les flammes de l’ensemble bougies présentes dans la pièce se faisaient plus intenses.
- Vous savez très bien pourquoi vous m’avez renvoyé, Jameson, continua monsieur Allerdyce. En cinq ans, vous n’avez jamais eu à vous plaindre de mes articles. Mais depuis que vous avez appris que j’étais un mutant, vous ne m’avez plus envoyé que sur des sujets bidon ! Vous avez tout fait pour pouvoir me virer, juste parce que vous êtes un sale raciste persuadé que les mutants n’ont pas leur place dans la société !
- Mais pas du tout… je…
- Vous vous êtes rangés avec ce pourri de Stryker ! Vous pensez que les mutants sont une menace !
- John, écoutez-moi… je…
- Eh bien je vais vous en donner, de la menace !
Sur ces mots, il leva les bras au ciel, et toutes les flammes de la pièce se transformèrent en colonnes de feu, faisant bruler les rideaux, et piégeant chaque personne présente dans la salle au milieu d’un gigantesque brasier.
Assis devant un gigantesque ordinateur, dans une pièce sans fenêtre, l’œil cherchait des informations par l’intermédiaire des quatre écrans qu’il avait devant lui. La porte située derrière lui s’ouvrit, laissant entrer Forge.
- Salut Scott, je t’ai apporté un peu de café.
- Merci, Forge. Pose le sur la table, je le prendrai tout à l’heure.
- Toujours en train de chercher des traces de Pietro et Wanda ?
- Oui. J’essaie de trouver où ils peuvent être depuis qu’ils se sont enfuis, mais je ne trouve rien. Ce sont de vrais fantômes…
- Ils ont été entrainés pour. Le professeur t’a donné la liste Cerebro que nous avons rapporté de Suisse ?
- Oui, j’ai commencé à compléter nos fichiers avec les noms mentionnés dessus, mais ça va prendre du temps, il y en a des milliers.
Un voyant rouge s’alluma soudain, en même temps qu’une alarme retentit dans toute la pièce. L’œil s’empressa de la couper, et lança un programme pour déterminer d’où venait le problème.
- Les balises d’Angel et de mademoiselle Frost ont été activées. Ils sont en danger, dit-il.
- On sait où ils sont ?
- Ils sont au restaurant panoramique. J’essaie de voir ce qui ne va pas.
Il se connecta au réseau de la police et des pompiers de New York, pour vérifier quelles alertes étaient signalées.
- Code 84-32… c’est une attaque de mutant… les pompiers signalent également un départ d’incendie.
- Ça va encore nous retomber dessus, dit Forge pour lui-même.
- Qui est de surveillance ce soir ?
- Domino et Diablo. En y allant en moto, à la vitesse où roule Domino, ils devraient y être en une dizaine de minutes.
- J’espère qu’ils arriveront à temps…
Dans le restaurant, la situation dégénérait de secondes en secondes. Le mutant John Allerdyce était de plus en plus fou contre Jameson. Quelques personnes avaient tenté de s’interposer, mais elles s’étaient fait bruler vive avant d’avoir pu faire quoi que ce soit. Jameson se retrouvait aculé à la fenêtre, et John semblait vouloir en finir pour de bon avec lui.
Warren ne pouvait plus rester là sans tenter quelque chose. Il enleva sa veste et commença à déboutonner sa chemise. Emma devina ce qu’il projetait de faire, et lui attrapa le bras.
- Ne fais pas ça, lui dit-elle. T’exposer au grand jour ‘apportera rien de bon. Les autres doivent être en route, laisse les faire.
- On ne sait pas quand ils vont arriver. Jameson risque d’y passer d’une seconde à l’autre si je n’interviens pas. Tu voulais savoir pourquoi je restais membre de X-1 ? Pour pouvoir intervenir quand le moment serait nécessaire !
Avant que mademoiselle Frost n’ai pu répondre, il enleva sa chemise, dépliant par la même occasion deux grandes ailes blanches de son dos. Un rapide mouvement de ces dernières entraina un mouvement d’air qui fit vaciller les colonnes de flammes. Cela ne dura pas longtemps, mais ce fut suffisant pour lui permettre de prendre son envol et de passer le feu qui le séparait de son adversaire.
John sentit venir le danger, et se tourna pour faire face à son adversaire, croyant avoir affaire à un humain normal. Voyant arriver Angel à deux mètres du sol, il hésita un instant. Warren en profita pour lui asséner un crochet du droit à la mâchoire. L’espace d’une fraction de seconde, les flammes perdirent de leur intensité. Angel attrapa son adversaire et le hissa jusqu’au niveau du plafond. Pour maintenir son contrôle du feu, John devait rester concentré, et il serait beaucoup plus difficile pour lui de l’être en se battant en l’air plutôt qu’au niveau du sol. Warren enchainait les coups, ne laissant pas à son adversaire le loisir de riposter. Il était à présent plaqué contre le plafond, la figure en sang et l’estomac lui causant une grande douleur.
John vit immédiatement qu’il ne pourrait pas gagner face à Warren. Il envoya un jet de flammes à l’aveuglette, qui fracassa la vitre sur laquelle s’appuyait Jameson. Ce dernier fut projeté en arrière et bascula dans le vide en hurlant.
- Lui ou moi… dit John à Warren, la lèvre en sang.
Angel lâcha son adversaire et se précipita à la rescousse de Jameson. En quelques mouvements d’ailes, il se trouva à sa hauteur. Il l’agrippa fermement des deux bras et stoppa la chute. Malgré le passager qu’il portait, Warren se déplaçait très rapidement et facilement dans les airs. Il remonta jusqu’à la fenêtre brisée, et déposa Jameson, tremblant de peur, sur le sol du restaurant. Dans la confusion qui avait suivi la bagarre, John s’était enfui. Sur tous les regards des personnes présentes, on pouvait lire la même expression : la peur, peur des mutants, peur de ce qu’ils étaient capables d’accomplir.
- Tu ne t’attendais pas à ça, pas vrai ?
- Non, je n’avais pas pensé à une conséquence pareille…
Douze heures s’étaient écoulées depuis que Warren avait sauvé Jameson. Avec l’édition du matin, tout le pays fut au courant de sa condition de mutant. L’action de sa compagnie chuta en quelques heures, si bien que le conseil général demanda son retrait temporaire du poste de directeur, le temps que les choses se calment. Jameson avait intitulé la une du Daily Bugle "la menace mutante", accusant Warren d’avoir été de mèche avec John, et d’avoir manigancé tout ça pour se faire de la publicité. Le révérend Stryker se fit une joie de commenter cet événement, et plusieurs centaines de nouveaux partisans rejoignirent son programme anti-mutant.
- Il va falloir corriger la situation, Warren, reprit le professeur après un bref silence. Il va falloir que tu te montres partout où les mutants sont oppressés, que tu montres au monde que tu n’es pas une menace, afin qu’il t’accepte et que tu puisses retrouver ta juste place. A partir de maintenant, tu ne feras plus partie de X-1.
- Mais, commença Warren.
- A partir de maintenant, coupa Charles, tu seras notre nouveau porte parole. Je ne peux pas m’acquitter de cette tache tout seul, il y a trop d’endroits où aller. Et ta première affectation commence dès maintenant. Stryker a installé un centre médical en Afrique du sud pour les plus démunis, mais refuse l’accès aux mutants. Nous allons nous rendre là bas voir si nous pouvons faire pression sur le roi, afin qu’il ne tolère pas ces méthodes.
- Où allons-nous, exactement ?
- Au Wakanda !